Mon esprit d'exploratrice est comme une marmite en ébullition. Une idée me trotte dans la tête depuis un bon moment : arpenter une partie du chemin de Saint-Jacques. En réalité, ce n'est pas un chemin unique, mais plutôt un kaléidoscope de sentiers. La Via Podensis, partant du Puy-en-Velay, me faisait de l'œil avec son passage par Conques. Mais ce sera pour un futur voyage à deux, main dans la main avec mon Roméo… ou plutôt mon Robert.
Pour cette fois, j'ai jeté mon dévolu sur la Régordane, le GR700, jusqu'à Saint-Gilles. Environ 240 kilomètres, soit 10 à 12 jours de marche en solitaire, avec au moins la moitié des nuits passées en bivouac. Un défi pour tester mes limites et les dépasser allègrement.. ou en me gelant…il fait glacial au Puy.
Les premières étapes sont déjà réservées : gîtes de pèlerins et chambres d'hôtes pour un peu de confort. Le temps que mon corps s’habitue au rythme. Au-delà de la dimension spirituelle et mentale, mon chemin est lié à un personnage de roman qui me tient à cœur. Normal.. j’en suis l’auteur et je dois le rendre authentique. Pour nourrir mon récit, il me faut donc marcher dans ses pas ou presque, lui qui part d'Arles pour arriver au Puy.
Dans le dernier TER bondissant de voyageurs, les coquilles Saint-Jacques accrochées aux sacs créent une atmosphère fraternelle. «Vous faites le chemin ?» lance un voisin. Pèlerine débutante face à deux routards aguerris qui arpentent ces sentiers depuis vingt ans, je suis toute ouïe à leurs conseils. Le premier d'entre eux : «Achète un pantalon de pluie, petite nouvelle !». À en croire certains, la neige m’attend à une étape…je renonce à l’achat de la luge. On verra bien.
Me voilà donc au Puy, à quelques encablures de la mythique cathédrale à la vierge noire, et ses marches qui n'en finissent pas. La ville palpite au rythme des pèlerins. C'est la même ambiance joyeuse à l'apéro organisé par l'association locale. Là, je découvre la spécialité régionale (autre que la fameuse lentille verte au menu du soir) : le sirop de verveine. Et puis, coup de cœur, mon gîte est tenu par deux religieuses… en jean ! Le clergé se modernise, et c'est tant mieux.
Pour ceux qui croient encore au grand méchant loup guettant les voyageuses solitaires, détrompez-vous ! La plupart des femmes rencontrées ce soir marchent seules, et deux d'entre elles même jusqu'à Saint-Jacques.
Bon camino à tous les pèlerins et à vous qui me lisez, sur quelque chemin que vous soyez !
Bravo ! Admirative et attentive devant la performance. Bon chemin et courage 🤗😉✨