La J3 s'annonçait compliquée, mais elle s'est finalement révélée plus facile que prévu. Seulement 22 km. Pas que j'aie soudainement acquis la vitesse d'Hermès ou la malice du Chat Botté, loin de là !
En réalité, la première étape jusqu'à Luc est interminable, malgré 14km seulement. Remplie de petites pauses, soif, grimpette, séance cocooning pour mes pieds, pause on enlève la veste noire. Puis la fuschia. Puis une tartinade d’écran total, petite lessive écologique dans un ruisseau, pause barre énergétique coco, pause eau, pause sandwich, deuxième tartinade, nouveau remplissage de gourde.
J’écoute, j’absorbe, je me régale. Prendre le temps de voir la nature évoluer. Observer un plant de myrtilles en fleurs. Écouter la sérénade amoureuse d’un couple de chouettes. Le chant du geai, celui-là peu sympathique. Sentir soudainement un gibier tapi dans les buissons.
Se régaler des petites fleurs, des blanches, jaunes, violettes. Saluer un couple de cyclistes, un pêcheur avec son fils.
Non, je ne fais pas Stevenson, dis-je, mais Régordane…
Oui, vous avez bien lu. L’auteur de l’île au trésor et de Jekyll et M. Hyde. Un GR lui est dédié, le 70. Extraordinaire paraît-il. Départ du Puy et arrivée à La Bastide Puylaurent où je me situe ce soir. 272 km de zigzags autour de la Régordane, de cols, de panoramas que Stevenson arpentait avec son ânesse.
Arrivée à Laveyrune, je préfère admirer les jonquilles sauvages et faire trempette dans l’Allier. Plus rafraîchissant qu’un diabolo menthe ou une blanche. Surtout pour les pieds. L’effet est subversif.
Primo, j’annule l’hôtel situé à St-Laurent-les-Bains - hors GR700 - ce qui m’aurait facilement rajouté 2,5 heures de marche. Grand bien m’a pris, l’hôtelier ne retrouve pas ma réservation.
Ensuite, un arrangement à mon pèlerinage, un autre GR pour arriver à mon étape du soir, la Bastide Puylaurent. Plus court, 100 m au lieu de 300 m de dénivelé et surtout plus praticable.
Le revers de la médaille, dodo sous la tente qu’il a fallu monter avant le coucher de soleil. Ainsi que le matelas à gonfler au pied. L'oreiller à gonfler comme un ballon. Puis tambouille au réchaud. Un potage de châtaignes avec des nouilles instantanées. En l'honneur de l'Ardèche que j' ai atteint ce soir. J’ai tout un stade de foot pour la nuit. Un peu flippant. Car entourée de forêt avec des bruits dans les sous-bois. La fraîcheur arrive. Le sac de couchage sera-t-il suffisamment chaud ? Je l'espère.
À demain si je ne suis pas congelée ou mangée par les sangliers.
Comments