Ah mazette, quelle journée ! Avec le mistral dans le dos, c’est tout gagnant. Avec le mistral sur le flanc, c’est casse-bonbon. Avec le mistral en face, c’est la cagade.
Et sur tous les ponts traversés, c’est se mettre en dangier. Pour un peu, dis, que l’abeille s’envolerait dans le Rhône. La chance d’avoir un vélo lourd et de ne plus peser un poids plume. Ce mistral d’été transporte des effluves de lavande ou plutôt de lavandin. La lavande, m’apprennent deux cyclistes retraités depuis pas mal d’années, la lavande n’a qu’un seul épi floral par tige et pousse en altitude.
De leur petits noms Alain et Armand, ces deux amis cyclistes sont impressionnants et en pleine forme. Pas de vélo à assistance électrique, mais de vrais vélos de course. A 87 ans ( !!!), Armand est féru d’histoire et me parle du fameux Pont de St-Esprit. Nous voici à faire ensemble quelques kilomètres à la queue leu leu, jusqu’au fameux pont et le village du même nom. La légende raconte que le Saint-Esprit aurait pris l’apparence d’un treizième ouvrier venu prêter main forte aux douze compagnons présents sur le chantier, sans demander salaire, si bien qu’il fut décidé de donner son nom au pont, puis à la ville. Une chapelle est également intégrée au pont – qui fut détruit par les américains en 1944. J’aurais tant aimé passer encore plusieurs heures à découvrir ces histoires passionnantes, à sillonner le marché provençal en ébullition, je dois reprendre la route.
La ViaRhôna est extraordinaire et le vélo avance presque tout seul. Un peu moins sympa, le trajet longeant la A7. A proximité d’Orange, l’autoroute passée au rouge déverse des wazeurs pas futés sur «ma» piste. Certains ont l'idée de me klaxonner. Mon majeur s’exprime plusieurs fois, je commence à prendre le rythme marseillais.
En fin d’après-midi, j’arrive dans l’hypercentre d’Avignon : le pont ainsi que le Palais des Papes sont splendides. Quelle chance de vivre ces moments exceptionnels. Demain, direction Maussane- les-Alpilles, avec une belle grimpette en perspective : la beauté de ces paysages se méritent. Mais n’est-ce pas ainsi pour toutes les belles choses dans la vie ?
Qu'elle est belle, la lavande !