Partir seule, m’avait dit un ami, c’est compliqué. Je l’ai fait.
Lyon, m’avait dit une amie, est compliqué à vélo. Je l’ai fait.
Comment feras-tu si tu as un problème avec ton vélo, m’avaient demandé mes parents. C’est arrivé avec un dénouement heureux.
Prenez soin de vous, m’avait dit une restauratrice encore hier soir. Je l’ai fait : Et c’est pour cela, que la mort dans l’âme, j’ai dû me résoudre à appeler à l’aide, sur un rond-point de Fos sur Mer.
Probablement, sans cela, je n’aurais pas été en mesure d’écrire ces lignes finales. Et le vélo n’est pas l’incriminé.
Au départ de Salin, tout se passe sereinement. Un enchaînement de départementales, tel que planifié. La route se dégrade en approchant de la zone portuaire ou plutôt des zones qui s’étalent sur de longs kilomètres au sud de l’Etang de Berre. Sur le plan ou sur les deux applications Google et Komoot, rien d’insurmontable. Pas de mistral, pas de vent marin, un jour férié, donc moins de trafic…. En théorie. Dans la réalité, pas d’autre choix que de passer par une quatre voies, jusque-là en soit pas une catastrophe. Une tentative de contournement m’emmène dans une zone industrielle très isolée. A quelques mètres derrière un bâtiment, j’entends des personnes s’entraîner au tir. Un peu plus loin, je croise une demi-douzaine d’hommes seuls en vadrouille. Autant vous dire que je passe à la vitesse maximum de mon vélo, j’avoisine les 30 km/h.
Finalement, le contournement aboutit à un panneau « Interdit aux personnes non autorisées », donc retour sur la route de plus en plus fréquentée. La tension monte d’un cran en même temps que la température. La Nationale prend de plus en plus des allures d’autoroute. Impossible de faire demi-tour.
Finalement j’atterri sur un immense rond-point que j’espère salvateur. Et c’est là que les choses se corsent. Car le panneau de la nationale annonce l’A55 à la sortie du rond-point. Après de très longues hésitations, je cours avec mon vélo de bretelle en bretelle. Mes jambes flagellent, je sens des nausées monter en moi, tellement je commence à paniquer. Sur le rond-point, un camion en repos. Le salvateur, ce sera Christian de Moselle. Il vient à ma rencontre en arrêtant les voitures sur la bretelle, récupère le vélo et me propose de mettre à l’ombre du camion, le temps de retrouver mes esprits et d’éviter que mon malaise ne s’accentue. Pas tout à fait une heure plus tard, mon mari, arrivé en urgence, charge le vélo dans la malle. Après quelques kilomètres, je reprends le trajet à vélo au niveau du Rove pour la dernière ligne droite vers Marseille.
Autant vous dire que même le passage par des quartiers réputés difficiles me semblent bien innocent. L’arrivée sur le Vieux Port est un grand moment : Christiane, une amie a même fait le déplacement, ce qui me touche beaucoup.
A l’heure où j’écris ces quelques mots de mon balcon marseillais, je tiens à tous vous remercier du plus profond de mon cœur, d’avoir été là, sur les réseaux sociaux, par téléphone ou en croisant mon chemin. Merci également à la Fondation Natan et à l’Association « Autisme sans frontière79 -Apprends-moi » de m’avoir permis de porter leurs couleurs. Et je n’arrêterai pas là. Ces 14 jours ont été une succession de rencontres incroyables et de bienveillance humaine qui marqueront à jamais mon demi-siècle à venir. MERCI !
Toutefois, avant de retenter un trajet à vélo vers Marseille en partant de la Camargue, j’œuvrerai pour la construction d’une piste cyclable aussi belle et sécurisante que la ViaRhôna ou l’Eurovéloroute 6. Du pain sur la planche pour la nouvelle municipalité !
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